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A la découverte de la kora

Lors de votre séjour à Keur Camape, peut-être rencontrerez-vous dans un restaurant ou sur une plage un joueur de Kora qui viendra vous fredonner gentiment une ode en grattant les cordes de son instrument. A la fin de la chanson, vous serez invité à glisser discrètement un petit billet dans le corps de la kora. Folklore local ?


Pas vraiment. En tout cas, pas seulement, comme vous le raconte joliment le film visionnable en fin de chronique et qui retrace l’impressionnant parcours musical international de Ballake Sissoko, un des meilleurs joueurs de kora au monde.


La kora est une sorte d’hybride entre la harpe et le luth, un des instruments les plus élaborés et les plus riches en harmoniques [Pour les spécialistes, il est précisé que la kora est accordée suivant diverses échelles heptatoniques sur 3 octaves (7 x 3)].


L’origine de la kora est controversée. Elle serait apparue en Gambie, même si le Mali en revendique aussi la paternité : une légende raconte ainsi que la kora était l’instrument personnel d’une femme-génie qui vivait dans les grottes de Missirikoro au Mali. Subjugués par le son de l’instrument, un grand chef guerrier et son groupe de chasseurs auraient dépossédé la femme-génie de sa kora. L'instrument aurait alors été confié au griot du groupe qui l’a transmis à son fils et ainsi de suite.


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Ce qui est communément admis en revanche, c’est que la kora est un des instruments privilégiés des djélis ou griots. Le griot était le communicateur traditionnel en Afrique occidentale, dans un contexte où l'écriture était inexistante. Le griot était donc le dépositaire de la tradition orale, qu'il s'agisse d'histoire de la région ou des familles locales, d'art oratoire ou de pratique musicale. Aujourd'hui encore, les plus anciens sénégalais révèrent -et souvent craignent- les griots et leurs familles.


Il faut préciser que le griot délivrait aussi des paroles de bénédiction, qui revêtaient alors un caractère sacré, ce qui valait aux griots de ne pas être seulement appréciés et respectés au sein de leurs communautés, mais aussi craints pour leurs qualités extraordinaires : on raconte ainsi que la parole du griot était si puissante qu’elle pouvait briser des portes ou faire perdre à un arbre toutes ses feuilles. A l’origine, chaque famille de griots accompagnait une famille de rois-guerriers mandingues nommés diatigui.


La kora est une sorte de harpe-luth construite avec une moitié de calebasse tendue de peau qui fait office de table d'harmonie, et traversée d'un long manche, qui compte en général 21 cordes. Une ouïe est pratiquée sur un côté et deux repose-mains sont installés de part et d’autre. Les cordes sont attachées au manche par des lanières en cuir (on préfère aujourd'hui des mécanismes de guitare) et tendues sur les côtés d'un haut chevalet, lui-même séparé de la peau, à laquelle il transmet les vibrations des cordes, par un coussinet. Les cordes sont pincées par le pouce et l’index de chaque main du korafola (joueur de kora) tandis que les trois derniers doigts tiennent les deux montants qui font office de poignées ce qui permet au musicien de se déplacer lorsqu’il joue.


Avec le djembé, la kora est un des instruments les plus emblématiques d’Afrique de l’Ouest. Après la décolonisation, la kora y devint un symbole de modernité et d’authenticité culturelle et ceux qui maîtrisaient son art furent élevés au rang de célébrités nationales par les présidents de ces nouveaux États. Parmi ces célébrités figurent notamment Soundioulou Cissoko, qui fut le musicien favori du président sénégalais Léopold Sédar Senghor, mais aussi le virtuose Lalo Keba, sans oublier les Maliens Batrou Sekou Kouyaté, Sidiki Diabaté et Djelimady Sissoko, père de Ballaké Sissoko dont un film retrace l’histoire.


Ainsi, quand vous viendrez passer quelques jours au Sénégal, vous ne regarderez plus de la même manière ces joueurs de kora qui sont, à leur manière, les représentants d'une lignée si particulière.



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