top of page

Du vin... senegalais

« Du vin au Sénégal ? ». Plus d’un interlocuteur est surpris par la nouvelle. Il faut dire que si le continent africain produit depuis longtemps de nombreux vins en Afrique du Nord et du Sud notamment, cette production était jugée impossible en Afrique de l’Ouest.

Il a fallu la passion -et le grain de folie- de deux toubabs français qui se sont lancés dans l’aventure en 2012 et qui, à force de ténacité et d’expériences ratées, ont fini par trouver le seul cépage capable de résister aux conditions climatiques particulières du Sénégal : le grenache, un cépage rouge méditerranéen qui, des 5 cépages expérimentés ici, a seul su s’acclimater avec l’aide d’une irrigation en goutte-à-goutte agrémentée des fertilisants adaptés.

Ce n’est pas tant la chaleur, parfois extrême, qui règne ici qui contrarie la vigne, c’est surtout le manque de froid de l’hiver. «L’absence de dormance empêche la floraison et la fructification » expliquent les pionniers viticoles, ajoutant que c’est la taille en janvier qui déclenche le processus naturel pour des vendanges 140 jours plus tard, fin mai.

Mais si le climat n’est pas spontanément adapté à la culture de la vigne, il a aussi ses vertus : ici, pas d’humidité et donc pas de mildiou ni d’oïdium et donc pas de traitement. Pas d’herbicide non plus : juste une bêche pour sortir entre les ceps les brins d’herbe générés par l’irrigation.

Si le raisin ne fait pas partie du paysage traditionnel du Sénégal, il y en a qui ont cependant eu vite fait de s’adapter au nouveau venu : les singes de la brousse alentour qui ont même dévoré l’intégralité de la vendange 2017 malgré les filets : il n’y a pas eu de millésime cette année-là. Il n’y a guère que le bruit des gardiens tapant sur des bidons pour faire vraiment fuir les primates...


Il y a aussi les termites qui rongent les racines, des rats palmistes qui sectionnent les tuyaux d’irrigation. Bref, rien n’a été épargné à Philippe Franchois, assureur retraité et François Normand, son compère informaticien. Ni à Abdoulaye Ndiaye, 42 ans, leur chef de culture, devenu le véritable patron technique de l’exploitation.

Au final, le grenache implanté à l’ombre des baobabs de la propriété produit sur 1 hectare et demi un vin rouge qui «s’apparente à un côtes-de-Provence» selon les propriétaires du Domaine « Clos des baobabs » à 14 degrés, soleil oblige. L’œnologue maison dit de lui que le vin est « fin et léger en tanin, avec des notes de fruits rouges et de cannelle ».

Après la première récolte 2020 mise en bouteille, huit années après les premières plantations, les deux passionnés continuent de chercher un nouveau cépage résistant pour venir compléter le grenache et permettre le développement des ventes dans la sous-région et susciter un œnotourisme sénégalais qui n’allait pas spontanément de soi.




Comentários


bottom of page