Je dois bien l'avouer : j'aime moins le foot que le rugby. Mais j'étais déjà au Sénégal lors de la Coupe d'Afrique des Nations de 2022, temporairement installé dans un tout petit village de pécheurs du Sine Saloum. J'y ai assisté là à la demi-finale puis la finale victorieuse : l'élan patriotique qui s'est emparé des Sénégalais m'a profondément ému car il a suscité une fierté nationale dont ce peuple n'est pas si coutumier. Alors, j'ai décidé de suivre le parcours du Sénégal dans cette FIFA World Cup 2022.
21 novembre : premier match de poule : il faut "presser l'orange"
Le Sénégal est dans le groupe A, aux côtés des Pays-Bas, de l'Equateur et du Qatar, pays hôte de la WorldCup. A entendre les commentaires autour de moi, l'adversaire le plus coriace dans cette poule, ce sont les Hollandais. Ca tombe bien : c'est contre eux que les "Lions" sénégalais entament leur compétition.
Hélas, Sadio Mané, le héros auteur du pénalty vainqueur de la CAN, nous a "fait une Benzema" : il s'est blessé quelques jours avant le début de la compétition. C'est donc sans leur leader naturel que les Sénégalais abordent cette Coupe et ce premier match. Les titres de la presse sénégalaise sont sans équivoque : il va falloir "presser l'orange", qui est la couleur de l'équipe batave.
Le bar où je me rends pour voir le match en ambiance locale est branché sur internet. Hélas, l'ADSL ne suit pas, vue la probable affluence sur le net et les coupures succèdent aux coupures : impossible de suivre le match comme ça. Je change de lieu au bout d'une demi-heure et je trouve un établissement mieux équipé : ouf ! Le Sénégal continue de se défendre vaillamment face aux Hollandais. Hélas à la 84ème minute, la tanière des Lions se fissure : 1-0. Puis le coup de grâce, injuste au regard du match, arrive à la 8ème minute du temps additionnel : 2-0.
Rude démarrage en ce début de Coupe. Autour de moi, on se rassure en pensant au match suivant, face au Qatar et l'espoir demeure : allez le Sénégal !
25 novembre : à l'assaut du Qatar
Sans nier les mérites sportifs (...) de ce petit état de 2,5 millions d'habitants, le pays hôte de la Coupe du Monde fait figure de maillon faible dans cette poule aux côtés du Champion d'Afrique (le Sénégal), des Pays Bas et de l'Equateur. Ces derniers ont d'ailleurs battu le Qatar lors du match inaugural de la coupe (2-0). C'est dire qu'autour de moi les habitants abordent ce match avec espoir à défaut d'être sereins puisqu'un éventuel deuxième échec barrerait la route des phases finales. D'autant qu'en face, on imagine volontiers que les Qatariens sont eux aussi motivés devant leur public.
Pour autant que je puisse en juger, les Lions de la Téranga ont largement dominé la partie avec notamment leur gardien Edouard Mendy qui a, une fois de plus, montré son savoir-faire. On a tremblé à la 33ème minute devant un possible pénalty qui ne fut finalement pas accordé par l'arbitre. Et c'est grâce à une erreur grossière de la défense qatarienne que le Sénégal ouvre le score à la 40ème minute, libérant les espoirs autour de moi.
Et que dire de l'ambiance quand, 3 minutes plus tard, le Sénégal marque plus nettement sur corner : le feu ! La seconde mi-temps s'est déroulée sur un faux rythme côté Sénégal, au point qu'à la 77ème minute, le Qatar a fini par marquer : dans le bar où je regardais le match, l'ambiance s'est brutalement refroidie à l'inverse du stade où les Qatariens célébraient avec enthousiasme le premier but marqué par leur équipe. Heureusement, 5 minutes plus tard, le Sénégal a conforté sa victoire en marquant un 3ème but. Cette victoire laisse donc ouvertes les portes des phases finales.
Quelques heures plus tard, le match Pays-Bas - Equateur se solde par un match nul (1-1). Comme chacun anticipe une probable victoire des Hollandais face au Qatar pour leur dernier match, l'accès aux phases finales imposera au Sénégal de l'emporter face à l'Equateur. Déjà les regards -inquiets- se tournent vers ce rendez-vous crucial de mardi prochain, d'autant qu'à entendre les commentaires autour de moi, ce petit pays d'Amérique du Sud a montré de sacrées qualités sportives dans ses matches...
29 novembre : le match couperet
L'état des comptes avant ce match est simple : avec 4 points (1 victoire et un nul) l'Equateur est LE principal adversaire du Sénégal désormais, dès lors que nul n'imagine que la Hollande cède face au Qatar (à la même heure... On va donc quand même surveiller du coin de l'oeil l'issue de cet autre match). En attendant, place au match de la survie.
J'ai rejoint mon "quartier général" durant cette Coupe du Monde : un établissement tout nouveau qui vient d'ouvrir sous l'impulsion d'un Marseillais sympathique : le "Lodge des Marseillais". La liaison satellite y est très bonne et le bar est équipé d'un groupe électrogène (qui va s'avérer utile durant le match : coupure d'électricité...!).
Match couperet donc entre les deux équipes et ambiance tendue dans le bar. La première mi-temps est dominée par les Africains mais il aura fallu attendre un penalty aussi incontestable que réussi pour mettre le Sénégal sur le chemin des phases finales.
Hélas, en seconde mi-temps, les Équatoriens renversent la domination et prennent la main sur le match. Ils finissent même par égaliser 1-1 : effondrement du public dans le bar. Mais à peine le public encaissait-il ce but ravageur que Koulibali marquait le (superbe) but du 2-1. Ambiance indescriptible dans le bar ! Désormais certains de l'issue malgré les 6' minutes de temps additionnel où tout aurait pu basculer, les Sénégalais autour de moi célèbrent déjà la victoire bruyamment. A juste raison : victoire finale 2-1 du Sénégal qui accède ainsi (pour la seconde fois de son histoire, me dit-on) aux 8èmes de finales de la Coupe du Monde.
Si les routes des phases finales s'ouvrent ainsi pour les Lions du Sénégal, la route du retour vers Keur Camape, elle, est rendue impossible par l'enthousiasme de la population qui court en tous sens sur la chaussée pour fêter la victoire. Je choisis prudemment de contourner la foule effervescente par les pistes de l'intérieur du village.
Je sens que la fête va durer ce soir !
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