Le nouveau Président de la République du Sénégal a fait la une de l’actualité internationale. Et pour cause : 10 jours avant son élection du 24 mars, il était en prison depuis un an et était très peu connu. Qui est donc ce jeune Président à l'improbable destin ?
C’est la veille de son 44ème anniversaire que Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été élu Président du Sénégal. Bassirou Faye est né à une trentaine de kilomètres de Nianing, près de M’Bour. Issu d’une famille modeste du petit village de Ndiaganiao, Bassirou Diomaye Faye a été au lycée à M’Bour où il a brillamment eu son bac puis a obtenu une maîtrise de droit à l’Université de Dakar en 2004, avant d’intégrer l’Ecole Nationale d’Administration de Dakar.
Diplômé en 2007, il intègre la prestigieuse Direction générale des impôts et domaines, où il s’y distingue très vite dans différents services, sa dernière fonction exercée étant celle de chef du bureau des contentieux à la Direction de la législation et de la coopération.
C’est dans cette administration que Bassirou Diomaye Faye (BDF) rencontre Ousmane Sonko, son mentor et aîné de 6 ans, avec qui il noue des relations qu’on dit fraternelles voire fusionnelles. Très vite, son parcours est marqué par son engagement syndical aux côtés de Sonko : il a notamment été secrétaire général du Syndicat des Domaines et a joué un rôle-clé dans les revendications syndicales au sein du syndicat des impôts.
Parallèlement à ses engagements syndicaux, BDF a participé à la création en 2014 du parti PASTEF (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l'Ethique et la Fraternité) fondé et présidé depuis par Sonko. La devise du PASTEF-LES PATRIOTES est « le don de soi pour la patrie ». BDF est l’une des principales chevilles ouvrières du parti dont il était le secrétaire général ; il aurait notamment été au centre de la construction du projet PASTEF pour l’élection présidentielle.
Ceux qui le connaissent décrivent BDF comme un homme discret voire austère, connu pour son franc-parler et son courage : ses critiques envers le régime de Macky Sall lui ont valu bien des soucis, dont son incarcération en détention provisoire le 14 avril 2023 pour avoir critiqué dans un post sur les réseaux sociaux le comportement de certains magistrats dans une affaire de diffamation impliquant Ousmane Sonko et le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang.
Marié à deux épouses, Faye est père de famille. « C’est un animal à sang froid. Il glisse ses piques dans la conversation et sait faire passer des messages dans un calme absolu » remarque un observateur avisé de la vie politique sénégalaise. D’ailleurs, à ceux qui lui reprochent de ne pas « sourire assez », Faye répond que « sourire ne développe pas un pays ».
Judiciairement empêché de participer à l’élection présidentielle, Ousmane Sonko a choisi d’y présenter des candidatures alternatives, au premier rang desquelles celle de BDF qu’il a justifiée ainsi : « Je n’ai pas choisi Bassirou Diomaye Faye par amour, par proximité ou par préférence, mais par réflexion objective et choix stratégique. Ce n’est pas un choix de cœur, mais de raison ». L’intéressé, dès sa sortie de prison le 15 mars répondait en écho : « L’important, ce n’est pas la personne. Le Sénégal n’a besoin ni de messie ni de héros ».
Lui qui se définit comme « particulièrement raisonnable et raisonné » et comme un « homme de concertation et de dialogue » a désormais endossé le costume de Président de la République du Sénégal. Quelqu’un qui le connait bien assure : « C’est un homme très structuré et consensuel. Il sait arriver à ses objectifs et trouver les points qui permettent d’avancer dans une discussion ».
Le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a désigné Ousmane Sonko comme premier Ministre et les membres de son gouvernement. Si la nouvelle équipe veut incarner une rupture d’avec la période précédente, cela ne signifie nullement, comme on le lit parfois ici ou là, rompre avec les partenaires historiques du Sénégal mais bien plutôt de rééquilibrer avec chacun les termes des relations.
En élisant démocratiquement leur Président, les Sénégalais ont donné un heureux contre-exemple à nombre de leurs voisins ouest-africains aux mains de juntes militaires. La merveilleuse exception démocratique sénégalaise se poursuit donc.
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