En venant à Keur Camape, vous ne pourrez pas y échapper : le tisserin est omniprésent ! Ce bel oiseau jaune appartient à l'une des nombreuses familles du très vaste ordre des passereaux. C’est un oiseau doublement remarquable par la structure de son nid d’abord et par son comportement social ensuite.
Le tisserin est un véritable acrobate et d’une agilité rare avec son bec et ses pattes : il sait parfaitement tisser les brins d’herbe ou de feuilles, d'où son nom. Ses nids sont de véritables boules d’herbe tissées, confectionnées avec des petits filaments végétaux que l’oiseau arrache aux feuilles des bananiers ou des cocotiers de la maison. Les scientifiques ont mesuré que le tisserin saurait utiliser plus d'une douzaine de nœuds différents !
Constamment en quête de nourriture, le tisserin se choisit un territoire qui puisse le nourrir aisément. Il est ainsi assez familier des maisons. L’arbre de notre voisin est plein de ces nids. Durant les plus grandes chaleurs de la journée, les tisserins du quartier viennent boire et se baigner dans la mangeoire de Keur Camape que nous prenons le soin de réalimenter régulièrement et le soir, c’est un véritable concert que donnent les tisserins.
Il faut dire que l’oiseau aime la compagnie. Il vit en colonie dans un même arbre qui croule littéralement sous les nids qui se balancent aux extrémités de ses branches : il n’est pas rare de compter une soixantaine de nids dans un même arbre. Animal social, le tisserin ne dédaigne pour autant ni la bagarre ni la compétition avec ses voisins : il ne rechigne pas par exemple à profiter de l’absence d’un de ses voisins pour aller chiper quelques bandes d'herbes dans son nid…
Une fois le nid achevé à l’issue d’un remarquable travail de tissage entremêlant les herbes, le tisserin s'accroche dessous face à l'ouverture et bat vigoureusement ses ailes en émettant des cris très particuliers. Si une femelle est attirée par cette parade, elle entre alors dans le nid pour le visiter. Si le nid est refusé, la femelle s’en va et l’architecte abandonne son œuvre, laquelle servira de mine d’herbe aux autres oiseaux.
Mais si la femelle manifeste son approbation, elle prend possession du nid où se déroule l'accouplement presque aussitôt. Cette opération faite, le mâle est interdit d'entrer jusqu'à l'éclosion des oisillons. Tout juste est-il autorisé à parfaire le rebord du nid…
Est-ce par dépit ? Sitôt sa compagne installée au nid, le mâle débute la construction d'un second nid et tente d'y attirer une autre femelle : le tisserin est polygame et peut compter jusqu’à 5 femelles en même temps dans son harem suspendu.
Les tisserins sont principalement granivores, ce qui en fait un nuisible redouté pour les cultures sur lesquelles il jette son dévolu aux abords des villages. Il peut vivre une dizaine d’années et est un oiseau très répandu dans toute la bande subsahélienne.
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