Il nous semblait difficile et assez peu respectueux à l'égard des habitants que nous côtoyons au Sénégal, de ne rien comprendre à ce qu'ils nous disent ni à qu'ils se disent entre eux. Dès notre arrivée dans le pays, nous nous sommes donc mis à essayer d'apprendre à parler wolof, qui est avec le Français l'une des deux langues officielles du pays. Ainsi le Président de la République a-t-il coutume de prononcer ses allocutions officielles successivement dans les deux langues. Le prêtre de Nianing alterne lui aussi les deux langues dans son homélie et la liturgie dominicale alterne le Français et le Wolof (et quelque fois le Sérère !).
Nos premiers pas en wolof ont eu lieu bien sûr d'abord avec Fallou et Sokhna qui travaillent quotidiennement à Keur Camape, mais aussi avec les vieux pêcheurs sur la plage devant Keur Camape, avec les femmes qui tamisent le sable à côté de la maison ou encore les commerçants du village.
Mais outre qu'à 60 ans passés, l'apprentissage d'une langue est un processus un peu difficile, nous nous sommes très vite heurtés aux questions classiques de vocabulaire d'abord mais aussi à des questions de compréhension de la langue : comment sont structurées les phrases ? Y a t-il des accords de genre, de singulier/pluriel ? Les verbes se conjuguent-ils et si oui, comment ? Y-a-t-il un alphabet spécifique ? Nous avons rapidement ressentis la nécessité d'entrer vraiment en apprentissage avec l'aide d'un professionnel.
Une première expérience de prof trouvée dans le village s'est rapidement avérée insatisfaisante : notre enseignante était certes très aimable et pleine de bonne volonté mais elle maîtrisait à peu près aussi mal le français que nous le wolof ! Difficile de progresser dans ces conditions... Nous nous sommes donc tournés vers un enseignant sénégalais de métier doté de vraies notions de pédagogie. Et en six mois, même si l'apprentissage demeure laborieux, nous avons fait quelques progrès à raison de deux leçons par semaine en petit groupe avec une amie : nous parvenons désormais à saisir quelques mots dans les conversations, nous commençons à structurer quelques phrases et dans les actes courants de la vie quotidienne, nous utilisons de plus en plus souvent le wolof dans la rue, les boutiques, etc...
Certes, notre vocabulaire est encore très pauvre et notre prononciation exécrable. Or, la prononciation en wolof est très importante. Elle varie d'ailleurs d'une ethnie à une autre et il n'est pas rare de constater que d'un individu à un autre, les sons ne sont pas les mêmes pour un même mot. Ceci dit, imaginez un peu pour un étranger la difficulté de saisir la différence en Français entre "grand" et "grain", surtout si vous y mêlez une pointe d'accent du sud ouest ! Nous en sommes là de notre découverte du wolof.
Pami les difficultés rencontrées, il y a certains sons auxquels nous ne sommes pas habitués : ainsi les "r" se roulent tandis que le "kh" (qui s'écrit aussi "x") est un "r" un peu comme la jota espagnole, en plus guttural encore. Quand les deux se conjuguent au sein d'un même mot, c'est l'enfer : essayez ainsi de prononcer "rakhas" (qui veut dire laver) sans bredouiller.
Aussi imparfait que soit encore notre usage de la langue, nous mesurons tous les jours à quel point nos interlocuteurs locaux sont heureux et même reconnaissants de voir des toubabs (des blancs) s'efforcer de parler leur langue. Du coup, chaque échange se transforme en leçon amicale de prononciation ou de vocabulaire. Parler, parler encore, parler toujours : il n'y a pas de meilleur moyen d'apprendre une langue. et sinon, les lexiques, guides et dictionnaires ne manquent pas...
Pour découvrir vos premiers mots en wolof :
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