Originaire d’Amérique du Sud et centrale, les premiers plants d’arachide furent rapportés en Afrique de l’Ouest vers le milieu du XVIème siècle, sans doute par des négriers portugais. Très vite, cette production fut adoptée par les habitants du futur Sénégal pour leur consommation personnelle. Plantée juste avant la saison des pluies en mai et juin, elle est récoltée en octobre-novembre.
Son utilisation est très variée : dans l’alimentation humaine, on en fait de l’huile. L’arachide sénégalaise a ainsi longtemps fait les belles heures de l’huile Lesieur et contribué à la richesse des ports de Marseille et Bordeaux. Elle est aussi utilisée pour la confection du beurre, de la farine et de diverses sauces. On la grille aussi bien sûr pour donner ces cacahuètes si chères à nos apéritifs. Également intégrée dans l’alimentation animale, l’arachide devient tourteaux et fourrage et dans l’industrie, elle entre dans la composition du savon de Marseille et comme solvant de certains médicaments. En agriculture enfin, elle enrichit les sols en azote et sert d’engrais vert.
Sous l’influence du Marseillais Jaubert, l’arachide a connu un important développement au Sénégal au milieu du XIXème siècle. Des différentes régions sénégalaises de production, le Saloum s’est vite distingué : il présentait une grande disponibilité foncière, une qualité de sol très adaptées à la plante et de meilleures conditions pluviométriques. L'arachide du Saloum a ainsi attiré des milliers de migrants économiques : en l’espace d’un demi-siècle, grâce à l'arachide, la population de la région a été multipliée par quatre, passant de 65 000 habitants en 1904 à 269 000 en 1958.
En 1926, Kaolack la "capitale" du Saloum devient le principal port arachidier du Sénégal où les transactions arachidières ont pris beaucoup d’importance : dans les années 1930, le Saloum compte avec le Sine voisin 23 % des superficies cultivées en arachide et sa part dans les exportations augmente régulièrement : 25 000 tonnes en 1885, 500 000 en 1930, 900 000 en 2010.
Longtemps second port du pays grâce à la production de l’arachide, Kaolack se trouve pourtant… à 100 kilomètres de l’océan à l’intérieur des terres, même si les effets de la marée s’y font nettement sentir. C’est grâce au fleuve Saloum qui traverse la ville que l’arachide y est exportée.
En mars 2022, le Président du Sénégal a inauguré le pont de Foundioune, en aval de Kaolack, co-financé par l’Etat du Sénégal et la banque chinoise Eximbank. Particularité de ce pont : non seulement il est l’un des plus longs ponts de l’ouest africain (1595 mètres) mais surtout il culmine à 28 mètres au-dessus du Saloum : il est d’ailleurs assez impressionnant quand on l’emprunte en voiture...
La justification de ce gabarit surprenant est justement de préserver l’accessibilité fluviale du port de Kaolack. Le pont « Nelson Mandela » n’assure donc pas seulement le désenclavement routier de l’est du Saloum et la desserte routière vers la Gambie : en permettant aux bateaux de grande jauge de circuler sous son tablier, il permet l’exportation de l’arachide et de l’autre grande richesse du secteur : le sel. Grâce à lui, l'avenir du port de Kaolack est préservé.
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