A ceux qui m'interrogent sur l'opportunité de louer ou non une voiture durant leur séjour dans notre villa à louer à Nianing, ma réponse tient en trois points :
Keur Camape est situé au cœur d'un village, Nianing, où le visiteur trouvera sur place -et à pied- à peu près tout ce dont il peut avoir besoin : nombreux restaurants, épiceries, marchand de légumes, distributeur de billets. Sans compter que sur un simple coup de fil, on vous livrera à la maison tous les poulets que vous voudrez et que Paul, le fils de Pierre le pêcheur, vous livrera à domicile lui aussi le fruit de sa pêche sur un simple appel. Bref, dans un séjour d'une à deux semaines à Keur Camape, l'usage d'une voiture ne s'impose nullement puisque tous ces services sont à proximité immédiate.
Bien sûr, on peut vouloir aller à M'Bour, la grande ville proche pour élargir son choix. On peut aussi vouloir visiter tel ou tel village, aller sur telle ou telle plage, etc... Mais dans ce cas, le recours ponctuel à un taxi/guide me semble être infiniment plus simple (pas d'itinéraire à chercher, pas de stationnement à trouver, pas de surveillance du véhicule, etc...) et moins cher.
A ceux qui néanmoins souhaitent louer un véhicule sans chauffeur, je réponds invariablement par ces questions : connaissez vous le Sénégal ? Y êtes-vous déjà venu ? Vous y êtes-vous déplacé en voiture (taxi) ? Connaissez vous les itinéraires que vous souhaitez emprunter ? Ces questions visent simplement à souligner ceci : la conduite au Sénégal nécessite une attention de tous les instants. C'est le cas partout, me répondrez vous ? Certes mais c'est vrai ici bien plus qu'ailleurs tant les obstacles les plus imprévisibles sont susceptibles de se mettre en travers de votre route :
La route elle-même d'abord. D'un itinéraire à l'autre, la qualité de la chaussée varie beaucoup : même sur une belle route bitumée, vous pouvez vous trouver confrontés de manière inopinée à de gigantesques trous. Quant à Google Maps, il ne fait pas la différence entre une vraie route et une piste, ni parmi les pistes celles qui sont en latérite de celles qui sont en sable. Or, je peux vous le dire pour l'avoir parfois douloureusement expérimenté moi-même : ça change tout en matière de conduite ! Et puis il faut parler des brises vitesse qui sont présents partout, généralement dans les villages mais qui sont aussi parfois disposés de manière imprévisible. Malheur à celui qui les découvre in extremis. Et qu'en dire quand on les découvre la nuit...
A côté de la route elle-même, il y a tous les obstacles mouvants qui peuvent s'y trouver : des chèvres, des cochons, des ânes, des chiens, des zébus, des singes, des charrettes et quelques vélos. Mais surtout des piétons, de tous âges, qui ont la particularité de traverser sans crier gare et cela de jour comme de nuit, en ville comme dans la brousse : il vous appartiendra (évidemment) de les éviter en toutes circonstances mais ce n'est pas chose toujours aisée.
Et puis il y a les autres véhicules, camions et voitures. Il faut bien admettre que les Sénégalais (c'est vrai d'autres peuples d'Afrique mais c'est particulièrement vrai ici...) ont une conception assez singulière des règles de conduite routière : pour résumer ça d'un mot, je dirais que c'est à vous d'éviter les autres et pas l'inverse. Il faut aussi oublier l'essentiel de ce que vous avez appris à l'auto-école et vous en tenir à une observation très réactive de ce qui vous entoure car il y a des situations routières que vous ne verrez nulle part ailleurs ! La conduite est donc un sport un peu particulier qui réclame, de surcroît, un sang-froid et une tempérance qui ne sont pas toujours la caractéristique du conducteur français. Or, ici, il vaut mieux éviter d'être confronté à un accident de la route.
Conduire après un temps d'apprentissage
Bref, vous l'aurez compris, la conduite d'une voiture au Sénégal ne peut intervenir pour moi qu'après un temps long d'apprentissage du pays : c'est pourquoi j'invite vivement les touristes qui découvrent le pays à recourir aux taxis/guides qui abondent, au moins pour les premiers séjours.
A bon entendeur...
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