La première fois qu'on m'a posé cette question, je n'ai pu masquer ma surprise : je fréquente ce pays depuis plus de 20 ans et jamais pareille question ne m'était venue à l'esprit. Mais c'est oublier qu'à l'heure des réseaux sociaux et de l'information instantanée, le moindre évènement qui se déroule ici est connu et commenté là.
Me vient cette anecdote personnelle : au moment de la crise des Gilets Jaunes en France, l'une de nos filles suivait une année d'études universitaires à Hanoï au Vietnam. Devant les vidéos qui circulaient alors, notre fille imaginait que la France -et Agen où nous résidions alors- était à feu et à sang. Il nous a fallu être persuasifs pour lui expliquer que, même si la crise sociale était réelle, même si les manifestations violentes qu'elle avait vues sur internet étaient bien réelles, pour autant nous ne courrions aucun danger en France... Il en est de même au Sénégal.
Une vie démocratique intense au Sénégal
Le Sénégal a la réputation -justifiée- d'être l'un des pays d'Afrique de l'Ouest où la vie démocratique est la plus vivante : la presse y est plurielle et ne se prive pas de critiquer les gouvernants ; les partis d'opposition -nombreux- s'y expriment librement et le calendrier électoral s'y déroule à peu près normalement ; les contre-pouvoirs sont multiples et l'expression est particulièrement libre.
Mais une vie démocratique intense ne signifie pas nécessairement qu'elle est un long fleuve tranquille ! Au Sénégal comme ailleurs, il y a des manifestations, des mouvements d'opinion, un gouvernement qui s'efforce de se faire respecter, des oppositions qui entendent exister et exprimer leurs revendications, etc... Cela peut donner lieu, ici comme ailleurs, à quelques scènes parfois violentes. Mais rien de très différent de ce qu'on peut voir aussi -hélas- à Paris ou ailleurs.
Faut-il craindre le sentiment "anti-français" au Sénégal ?
60 ans après les indépendances, il se trouve un certain nombre de Sénégalais pour trouver anormal d'avoir dans leur porte-monnaie le Franc CFA créé au moment de la colonisation et qui dépend encore aujourd'hui de l'ancienne puissance coloniale : comment leur en vouloir ? Les mêmes protestent quand ils ont le sentiment, à tort ou à raison, que leurs dirigeants nationaux seraient trop inféodés à l'Elysée. Beaucoup constatent enfin que depuis les années 60, il existe encore ici et là dans certaines administrations centrales ou grandes entreprises privées françaises œuvrant en Afrique des réflexes qu'on pourrait à juste titre qualifier de "néo-coloniaux". Franchement, comment s'étonner de telles réactions de la part d'un peuple souverain ?
La fraternité franco-sénégalaise est ancienne et forte
Cela justifie-t-il de parler d'un sentiment "anti-français" ? Je crois que rien ne serait plus faux. Les Français qui viennent en vacances, en retraite ou dans le cadre de leurs activités professionnelles sont ici toujours les bienvenus dès lors qu'ils manifestent à l'égard du pays et du peuple qui les accueillent le respect qu'on doit partout en pareille circonstance. Rien que de très normal au fond.
Pour le reste, ce qui lie les Sénégalais à la France et aux Français demeure très fort. La langue d'abord qui est encore enseignée partout et parlée dans la plupart des cas. Compte tenu du kaléidoscope linguistique qui constitue le Sénégal, le français fait même figure de seule langue commune, même si le wolof tend à devenir la langue dominante. Mais au delà de la langue, les liens entre le Sénégal et la France se tissent aussi depuis longtemps autour des centaines d'associations caritatives qui œuvrent ici, des touristes nombreux qui viennent gouter aux douceurs du pays, des échanges inter-étatiques très importants et aussi des entreprises françaises, petites et grandes, qui travaillent au Sénégal dans un partenariat souvent gagnant-gagnant.
Quid du risque lié au terrorisme ?
L'Afrique sahélienne est concernée par le risque terroriste qui se manifeste douloureusement au Niger, au Mali ou encore au Burkina Faso et au Bénin. D'ailleurs, le gouvernement sénégalais ne prend pas ce risque à la légère et consacre des moyens significatifs à assurer sa sécurité. Le Quai d'Orsay invite d'ailleurs les touristes français à éviter de fréquenter les zones frontalières avec la Mauritanie et le Mali notamment.
Reste un secteur géographique particulier : celui de la Casamance, enclave sénégalaise entre la Gambie et la Guinée. Des visées séparatistes y sévissent depuis longtemps et gâchent -injustement- l'attrait touristique que cette région trop enclavée pourrait développer sinon. Là encore, les zones frontalières sont déconseillées aux visiteurs étrangers non avertis.
Tout ceci permet de répondre tranquillement à la question posée en titre : est-il dangereux pour des couples, des familles, des amis de venir dans notre villa à louer à Nianing ? En aucune manière et c'est donc en toute sérénité que vous pouvez nous contacter pour réserver votre prochain séjour au moyen du formulaire situé en bas de page. A bientôt ?
Comments