Depuis les terrasses de Keur Camape, il n’est pas rare d’entendre monter de la plage le son d’un djembé. Il faut dire que cet instrument de percussion fait pleinement partie des traditions culturelles ouest-africaines.
Mille légendes circulent sur la création du djembé. Selon l’une d’elles, un homme serait parvenu à voler un djembé à un groupe de chimpanzés qui étaient alors les seuls détenteurs de l’instrument. Depuis lors et privés de leur instrument fétiche, les singes en seraient réduits à se frapper la poitrine avec les mains ! Les historiens pensent plus prosaïquement que le djembé serait né du recyclage d’un gros mortier percé, quelque part du côté des peuples mandingues du Mali, il y a 6 ou 7 siècles.
Depuis, l’instrument s’est largement répandu dans toute l’Afrique de l’ouest avant de faire son entrée dans la world music au tournant des années 1950 et plus récemment encore au sein de la pop music, à l’image d’un Jason Mraz.
Le djembé était utilisé au départ dans les cérémonies familiales et communautaires comme les mariages, les baptêmes et autres fêtes ; il permettait d’animer les danses traditionnelles ouest-africaines.
Le djembé est fait d'une pièce de bois massif creusé -le fût- souvent en acajou ou en acacia. S’il était recouvert à l'origine d'une peau de gazelle ou d’antilope, c’est désormais la peau de chèvre qui est aujourd’hui la plus couramment utilisée. Elle est fixée au fût à l'aide de cerclages en fer et de cordages qui permettent également d'accorder l'instrument. C’est pourquoi le djembé symbolise les éléments fondamentaux de l'univers : le bois représente le végétal, sa peau symbolise les êtres vivants et ses cerclages en fer évoquent le minéral.
La fabrication du djembé revêtait dès l’origine un caractère spirituel important. Les forgerons étaient ainsi tenus de faire des offrandes aux esprits des arbres avant de les abattre pour en extraire le fût du tambour. Pour de nombreuses cultures ouest-africaines, le djembé est d’ailleurs supposé renfermer trois esprits essentiels : l’instrument abriterait l'esprit de l'arbre à partir duquel il a été fabriqué, l'esprit de l'animal dont la peau a été utilisée et l'esprit du forgeron ou de la personne qui a abattu l'arbre et de celles qui ont assemblé l'Instrument. À cela s'ajoute probablement l'esprit des ancêtres, qui occupe on le sait une place prépondérante dans la culture africaine. Ainsi, le djembé a pleinement contribué à faire des griots, ces musiciens traditionnels qui utilisaient le djembé, des hommes à part dans la société ouest-africaine.
Comme on n’arrête pas le progrès, existent désormais des djembés en fibre plastique montés avec des peaux synthétiques. Plus légers, ils sont aussi plus résistants aux changements de température et d’hygrométrie, favorisant la pratique du djembé loin des climats chauds et secs de ses origines où la question ne se posait pas.
Les djembefolas (joueurs de djembé) obtiennent le son du djembé en le frappant avec les mains ou les doigts. En le frappant avec la pleine paume au centre de la peau, on obtient un son plutôt grave, tandis qu'en attaquant la peau avec les doigts sur le rebord, on obtient un son claquant plus aigu. Le son du Djembé produit ainsi grâce à ces différentes techniques est particulièrement reconnaissable, mêlant basses profondes et sonorités claquantes plus claires.
Au tournant des années 2000, l'influence du Djembé s’est étendue à la musique moderne. Des percussionnistes renommés tels que Noel Toca Rivera ont ainsi collaboré avec des artistes internationaux, parmi lesquels Jason Mraz, pour intégrer le djembé au répertoire de la musique pop-rock. Ainsi, le djembé, toujours présent dans les traditions africaines, continue d'évoluer et de conquérir de nouveaux horizons musicaux à travers le monde, contribuant au rayonnement culturel du continent africain.
C'est dire si, lors de votre prochain séjour à Keur Camape, quand vous entendrez le son d'un djembé venu de la plage, c'est tout un univers culturel qui s'offrira à vous...
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