Si vous contournez Dakar par la corniche ouest, impossible pour vous d'y échapper : le monument de la Renaissance africaine se dresse fièrement à Ouakam sur l'une des deux collines volcaniques appelées "les Mamelles", face au phare du même nom. 52 mètres de cuivre et de bronze représentant un couple portant un enfant, sortant des entrailles du volcan face à la Louisiane de l'autre côte de l'océan à laquelle il veut être virtuellement relié. Les porteurs de ce projet pharaonique n'ont pas lésiné sur les symboles de ce monument qui s'est voulu être le signal de la renaissance du continent.
Un escalier monumental de 198 marches permet d'accéder à l'édifice qui héberge un musée, un village artisanal, des boutiques mais aussi des salles d'exposition, un salon d'honneur et au 15ème étage un belvédère situé dans la tête de l'homme d'où vous pourrez contempler toute la ville et la baie. Avec ses dimensions hors normes, le Monument de la Renaissance africaine et ses 22 000 tonnes, est plus haut que la statue de la Liberté à New York (46 mètres) et que le Christ rédempteur de Rio de Janeiro (43 mètres).
Il reste que son édification ne s'est pas faite sans mal et que son histoire mérite d'être racontée en quelques mots.
C'est à la fin des années 1990 que le Président sénégalais Abdoulaye Wade a lancé le projet, revendiquant même de l'avoir déjà évoqué 20 ans plus tôt dans un de ses livres. Le Président s'est tellement investi dans cette initiative qu'il est parvenu à s'octroyer (dans de conditions très contestées) 35% des recettes de l'édifice, au titre de ses "droits d'auteur", l'Etat sénégalais percevant les 65% restant.
S'agissant d'une œuvre intégralement financée sur fonds publics (14 milliards de FCFA soit 21 millions d'euros), cette rétribution a pleinement participé du débat houleux qui s'est organisé autour du projet de monument. Finalement, la gestion de l'édifice sera confiée à la fondation Abdoulaye Wade dirigée par la propre fille du Président : on n'est jamais si bien servi que par soi-même !
Mais le style de l'édifice a, lui aussi, été vivement contesté par les Sénégalais. Il faut dire que c'est une entreprise nord-coréenne qui a été chargée de sa construction et que ça se voit : l'esthétique du monument est très... nord-coréenne ! A l'époque, le gouvernement sénégalais étant incapable de financer un tel projet, l'entreprise fut rémunérée moyennant le transfert de propriété à son bénéfice de 27 hectares de terrains publics extrêmement prisés autour de l'aéroport (pour une valeur estimée à 75 milliards de FCFA, soit près de 115 millions d'euros...).
De nombreuses voix se sont naturellement élevées à l'époque pour dénoncer le caractère choquant d'une telle dépense dans un pays aussi pauvre que le Sénégal. Mais les défenseurs du projet argumentèrent, eux, que ni la Tour Eiffel ni le Chateau de Versailles ne firent consensus à leur époque. La construction du monument suscita également l'ire des confréries religieuses qui appelèrent au démantèlement de l'édifice qu'ils jugèrent sacrilège et contraire à l'éthique de pudeur véhiculée par l'islam. En vain.
On le voit, l'édification du Monument de la renaissance de Dakar ne se fit pas sans mal. Débutée en 2002, la construction s'acheva en 2010. Le monument fait désormais pleinement partie du paysage dakarois et mérite votre visite, désormais éclairée, lors d'un prochain séjour à Keur Camape.
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